Weston, la chaussure de luxe à Limoges

Pour les néophytes, la marque Weston peut évoquer le chic british ou l’esprit de la côte Est des Etats-Unis. Il s’agit en réalité d’un discret producteur de chaussures de luxe installé -de longue date- à Limoges. L’entreprise y emploie 220
personnes dont 190 ouvriers, véritables artisans attachés à l’excellence des matières et des formes.

L’entreprise confectionne près de 100 000 paires de chaussures par an pour un chiffre d’affaires voisin de 50 millions d’euros. L’entreprise doit sans doute à son positionnement précoce dans la chaussure de luxe d’avoir survécu, au XXe siècle, à la désindustrialisation du territoire limousin.

La marque J.M.Weston, plus connue sous le nom de Weston, a été déposée en 1922 par Eugène Blanchard et Jean Viard. Eugène Blanchard est le fils d’un bottier limougeaud Edouard Blanchard installé dans la ville depuis 1891. Eugène Blanchard se rend aux États-Unis en 1904, à Weston dans le Massachusetts, pour apprendre les nouvelles techniques de production. Il y séjourne trois ans et, de retour, implante à Limoges la technique dite « du cousu Goodyear » qui permet de monter et ressemeler les chaussures en les rendre plus résistantes.

En 1919, à la mort de son père, il prend la décision de privilégier la qualité et de créer un phénomène de rareté en réduisant la production de 600 à seulement 80 paires de chaussures par jour. En 1922, Weston ouvre une première boutique boulevard de Courcelles à Paris, puis s’installe sur les Champs-Élysées en 1932 accentuant son positionnement luxe (dans sa communication, la marque continue de capitaliser sur Paris et l’arc de triomphe).

Dans les années 1960, la mode du mocassin permet au modèle « 180 » créé vers 1946, appelé « Mohican » mais aussi plus communément « Janson-de-Sailly », de devenir le classique de la marque J.M. Weston. L’entreprise est acquise en 1974 par Jean-Louis Descours, puis entre sous le giron de la holding familiale EPI en 1976. En 1974, la société J.M. Weston rachète la marque commerciale (mais pas l’usine) Sylvestre Vincent et fils, vieille entreprise de chaussures de qualité fondée à Limoges en 1881. Ce rachat permet à Weston de récupérer certains marchés spéciaux et plus ou moins captifs qui permettaient à la société S. Vincent de survivre, tels que la fourniture des bottes de la garde républicaine et de la gendarmerie nationale ou les chaussures de cérémonie des officiers de l’Armée.

Dans une logique d’intégration verticale, qui fait partie intégrante du business model du luxe à la française, Weston achète en 1981 la tannerie végétale Bastin & Fils (située à Saint-Léonard-de-Noblat), fondée en 1860. Cette tannerie fournit les peausseries, pour les semelles uniquement, depuis les débuts d’Édouard Blanchard, et traite environ 130 tonnes de peau de vache par an, venant d’Allemagne et d’Autriche. La peausserie pour le dessus de la chaussure vient essentiellement de la tannerie française du Puy-en-Velay, rachetée par EPI en 2011, qui la revend finalement au Groupe Hermès en 2015.

Parfaitement identifié dans la chaussure de luxe, l’entreprise Weston opère –en 2006 – une diversification produit en présentant une première collection de maroquinerie et de bagagerie. La gamme de maroquinerie s’est élargie au cours des années.

A travers le monde, la marque compte une quarantaine de magasins qui distribue exclusivement ses produits. Le positionnement de Weston est clairement haut de gamme et luxe. La décision de rester sur le territoire est associée à la recherche permanente d’un très haut niveau de qualité à travers une intégration verticale. La marque s’appuie sur les notions d’artisanat, de transmission des savoir-faire français, d’authenticité, associées au territoire. Elle est labellisée entreprise du patrimoine vivant depuis 2009.

N’hésitez pas à consulter nos autres articles sur les PME du luxe sur le site de France Luxe Business School .

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